L’incertitude est une caractéristique fondamentale de notre monde. Elle s’infiltre dans chaque domaine de l’activité humaine : de la physique à la météorologie, des sciences sociales à l’économie. En gestion financière, elle prend une forme aiguë, car les décisions y sont constamment confrontées à l’imprévisible. Comprendre et gérer cette incertitude devient alors un enjeu stratégique.
Contrairement au risque, qui peut être quantifié avec des probabilités connues, l’incertitude — au sens keynésien — renvoie à l’impossibilité de prévoir certains événements avec précision. Elle implique donc une forme de méconnaissance ou d’imprévisibilité structurelle. Il est, par exemple, possible d’évaluer le risque de défaut d’un portefeuille d’obligations via des modèles statistiques, mais il est impossible de prédire avec certitude l’émergence d’une révolution, d’un krach financier, d’une guerre ou d’une crise sanitaire mondiale.
Cette distinction entre risque mesurable et incertitude fondamentale est cruciale en gestion financière. Les modèles financiers, bien qu’utiles, reposent toujours sur des hypothèses simplificatrices (marchés efficients, rationalité des agents, distributions normales et linéaire des rendements, accès à l’information…), qui masquent la complexité et l’instabilité réelle du système financier global.
Pour mieux conceptualiser l’incertitude, la physique nous offre un outil puissant : l’entropie. En thermodynamique, l’entropie mesure le degré de désordre ou d’aléa d’un système. Un système à haute entropie est un système où l’incertitude sur l’état futur est maximale. De façon analogue, on peut considérer que les marchés financiers, en période de volatilité extrême ou de crise, atteignent un niveau élevé « d’entropie informationnelle », où les signaux sont confus, contradictoires, voire incohérents.
Cette analogie trouve un prolongement naturel dans la théorie de l’information, où l’entropie de Shannon mesure le niveau d’incertitude associé à une distribution de probabilités. Plus la distribution est uniforme, plus l’entropie est élevée, reflétant une absence de signal fort, donc une incertitude maximale. En finance, un tel état pourrait correspondre à une situation où tous les scénarios semblent également probables, empêchant toute prise de position rationnelle.
Les institutions financières ont développé de nombreux outils pour appréhender l’incertitude : modèles stochastiques, simulations de Monte Carlo, Value at Risk (VaR), stress tests, etc. Ces outils sont utiles tant qu’on garde à l’esprit leur caractère limité. Aucun algorithme ne peut intégrer les ruptures systémiques, les réactions en chaîne non linéaires ou les comportements irrationnels de masse qui caractérisent certaines crises. Les événements de ces dernières années nous le démontrent bien.
L’approche comportementale a également mis en lumière les biais cognitifs qui affectent la perception de l’incertitude : excès de confiance, aversion à l’ambiguïté, biais de représentativité. Ces éléments montrent que l’incertitude n’est pas seulement une donnée objective du monde, mais aussi une construction psychologique, qui influence les marchés autant que les fondamentaux économiques.
L’incertitude est inhérente à tout système dynamique et complexe, et la finance en est une illustration majeure. Si les outils mathématiques et statistiques permettent d’en réduire certains aspects, une part d’imprévisibilité « structurelle » subsiste toujours. En ce sens, l’utilisation de l’entropie comme grille de lecture des niveaux d’incertitude est une piste très prometteuse dans l’appréhension de l’évolution des marchés financiers.
Chez Privalux, cela fait deux ans que nous nous appliquons à concevoir des stratégies d’investissement intégrant l’incertitude comme composante à part entière du processus décisionnel. Ce travail s’appuie sur une collaboration étroite avec une équipe d’analystes quantitatifs, spécialisés depuis plus de dix ans dans l’étude de l’entropie appliquée aux marchés. Les résultats obtenus, tant en matière de performance que de maîtrise de la volatilité, sont particulièrement convaincants et seront intégrés dès à présent dans notre gestion quotidienne !